Riche du cadre, d'aucun superflus
Hantcha née en 1982, grandit à Madagascar. Fille d’un pharmacien Malgache également pianiste de jazz et d’une institutrice Française, Hantcha ne manque de rien. On est à Madagascar, elle est riche du cadre, du temps, du plein air, d’aucun superflus, de son sport intensif, de sa cage d’escalier qui donne une réverbe monstrueuse à ses débuts de guitariste autodidacte, et, à l’époque grande fan de la newjack, de sa musique anglophone…À la maison, on communique par la musique diffusée en permanence, jazz, musique classique, variété internationale d’après guerre.
Pour ses études supérieures, en 2000, Hantcha part de l’île rouge comme son frère 8 ans auparavant. Le changement a des saisons marquées par un froid, des normes, des indispensables, des habitudes peu familières…et un chemin trop définis pour elle. Elle intègre la faculté des sports de Bordeaux et fait du rugby à un très bon niveau en parallèle. En 2005, elle valide un Master ( 2005) et devient éducatrice sportive. Peu à peu elle mesure ce qu’elle a perdu en quittant ses racines. Comme exutoire, elle compose et aime particulièrement la sonorité de la langue anglaise, inspirée aussi bien par le rock alternatif d’Incubus, le jazz orchestrée de Nat King Cole que le R’n B d’India Arie. Au fil du temps elle rassemble ses univers, enterre son déracinement et continue de composer.
Après le sport, la musique comme métier
En 2016, elle doit choisir : elle fera de la musique son métier. Pour que la phonétique malgache de son prénom « Hanitra » soit respectée, elle choisit Hantcha comme nom de scène. Ce sera pour la musicienne un nouveau pas vers l’inconnu accompagné de déséquilibres, de doutes mais également d’ouvertures. En 2017 Hantcha souhaite perfectionner son chant et débute un accompagnement avec Monique Thomas (coach vocal Américaine). La collaboration s’avère décisive et permet à Hantcha d’affirmer sa position de chanteuse. Ce nouveau souffle lui redresse la tête et lui donne l’envie profonde de retourner à l’essentiel, de retourner aux sources.
Le Nouveau Souffle
En 2018, elle fait 10000 kms pour revoir ses proches. Elle revit ses racines, les dimensions de son métissage, adhère à nouveau à son socle. Hantcha affine ses choix : elle sera elle-même et l’exprimera à travers son EP AINGA VAO (« Nouveau souffle » en malgache). Pour se faire, elle choisit le home studio de Paul Magne, batteur pour Cocoon et Puggy. Elle vie pleinement l’autoproduction, tant pis pour le reste: elle souhaite être libre. Elle a le temps, aime profondément cette collaboration, leur synergie, aime la confiance qu’il lui donne et les articulations rythmiques avec lesquelles il enveloppe ses sons. Enfin, la chanteuse exprime la place qu’elle voulait donner à la voix, aux harmonies vocales qui s’articulent parfois comme des cordes, l’amalgame rythmique précis, fusionnel entre la guitare et l’instrument percussif. Aussi, elle souhaite ne plus s’excuser de ne pas parler malgache et se sentir obligée aux yeux des profanes de faire de la musique ensoleillée pour être considérée « Malagasy ». Comme dit Rija Randrianivosoa, guitariste réputé de world music d’origine malgache « tu ne le fais peut être pas consciemment mais sais-tu que dans ta musique, il y’a des codes de la musique malagasy ? La rythmique s’articule autour de la guitare et les voix harmonisées sont au même volume, il n’y a pas de lead » ses mots sont pur bonheur & honneur pour Hantcha qui réalise l’empreinte profonde de sa culture dans sa musique.
La scène
En avril 2019, elle porte à bout de bras et fièrement son nouvel EP « AINGA VAO » (« Nouveau Souffle » en malagasy) à travers la France et plus. Ces collaborations qu’elle nomme « belle et simple » la pousse à être elle sans concession, quitte à cliver. Hantcha avance, époussette ses limites pour, mi 2020, choisir de travailler avec des musiciens qui ont le même langage humain et musical.
La suite
Hantcha explose patiemment tout ce qui l’éloigne de son authenticité et lorsque la poussière retombera, elle sera libre AFAKA (« Libre » en malgache).